Henry Dunant, l’humaniste suisse fondateur de la Croix-Rouge
Qui ne connait pas l’avenue Henry Dunant ? Elle démarre à l’angle de la Place Alexandre Médecin (ex Place St Maurice). Elle passe devant le célèbre restaurant « Les Palmiers » et ressort à la clinique St Georges.
Mais qui connait Henry Dunant, ce suisse fondateur de la Croix Rouge ?
Premier prix Nobel de la paix, Henry Dunant a toujours fait passer l’intérêt des autres avant le sien, trouvant négligeables ses affaires personnelles.
Né le 8 mai 1828 à Genève, Jean-Henry Dunant (il se fera appeler Henry Dunant plus tard) est l’aîné de 5 enfants (2 frères et 2 sœurs).
D’une famille chrétienne protestante, ses parents étaient très altruistes.
Dès ses 6 ans, Henry accompagne son père dans les prisons et, étant doté d’une grande sensibilité, est choqué de voir les conditions de détention des prisonniers.
C’est le 24 Juin 1859 que Dunant va être témoin d’une scène qui le marquera à jamais. En effet, le pacifiste passe près du champ de bataille de Solférino après la fin des combats et constate que 38 000 soldats blessés ou morts (Français et Autrichiens) y gisent encore sans que personne ne leur prête assistance.
Cet horrible spectacle le poussera à organiser spontanément une prise en charge des soldats blessés en se faisant aider des civils locaux, majoritairement des femmes. Il mettra en place un hôpital dans la ville voisine et environ 500 des 9000 blessés y seront conduits. Très vite, pratiquement tout vient à manquer : personnel (infirmier / médecins), matériel, nourriture.
3 ans après sa visite à Napoléon III et à Solférino, les évènements passés le hantent toujours, ce qui le pousse à écrire son livre « Un souvenir de Solférino » qui paraîtra en 1862.
Son livre est reçu pratiquement unanimement de façon positive et Dunant reçoit reconnaissance et sympathie.
Le 9 février 1863 l’assemblée des membres de la société d’utilité publique genevoise est tenue sur les idées de Dunant. Elles sont alors examinées et jugées réalisables par les membres.
Une conférence se tiendra du 8 au 22 août 1864 sur invitation du Conseil fédéral suisse. C’est dans ce cadre, le 22 août que sera signée la première convention de Genève qui établit la Croix-Rouge internationale de manière permanente.
Durant les deux années suivantes, il restera le centre de l’attention et recevra de nombreux honneurs et invitations. Au printemps 1865, il sera décoré de la Légion d’honneur par Napoléon III.
Dès Mars 1867 il quitte Genève à la suite du décès de sa mère le 2 février 1868 et part s’installer à Paris où il vivra modestement et essaiera à nouveau de développer ses idées.
Il fonde alors l’Alliance générale et durant un voyage en Angleterre tient des discours à Londres et Plymouth grâce auxquels ses idées / propositions rencontrent de nouveau de l’enthousiasme.
Le 9 janvier 1873 Napoléon III meurt, peu après qu’il ait assuré à Henry Dunant son soutien.
Plus tard, Henry Dunant recrute en vue des objectifs de l’Alliance générale et néglige encore plus ses affaires personnelles. Il s’endette tellement que son entourage s’éloigne. La Croix-Rouge l’a pratiquement oublié, il se retire donc de la vie publique.
Pendant plus de 10 ans (entre 1874 et 1886) il mènera une vie dans la misère matérielle et solitaire en vivant un peu partout notamment à Stuttgart, Rome, Corfou ou encore Bâle. Le soutien financier de quelques amis l’empêchera de sombrer dans la misère totale.
En 1887, il se retire à Heiden et s’y installe totalement le 30 avril 1892 dans l’hôpital de la ville et se lie d’amitié avec un jeune enseignant et son épouse.
Le 27 février 1890 il fonde, sous les conseils de celle-ci, une section de la Croix-Rouge. Il en deviendra le président d’honneur.
Dunant sort de l’oubli en septembre 1895 suite à un article intitulé « Henry Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge » du journal Die Ostschweiz dont le rédacteur en chef s’était, suite à un passage par Heiden, entretenu avec Dunant quelques mois plus tôt.
En 1897, Rudolf Müller écrit « L’histoire de la naissance de la Croix-Rouge et de la convention de Genève ». Le rôle de Dunant est alors souligné pour la première fois depuis son retrait du comité.
Le 10 décembre 1901, le comité Nobel envoie un télégramme à Dunant lui informant que le premier prix Nobel de la paix lui a été décerné :
« À Henry Dunant, Heiden. Le comité Nobel du parlement norvégien a l’honneur de vous communiquer qu’il remet le prix Nobel de la paix 1901 à vous, Henry Dunant, et à Frédéric Passy. Le comité vous envoie ses respects et ses bons vœux. »
Il passera les dernières années de sa vie dans l’Hôpital de Heiden où il tombera dans la dépression et la peur de ses créanciers. L’impossibilité du remboursement total de ses dettes lui pèsera beaucoup sur la fin de sa vie.
Il finira par s’éteindre le soir du 30 octobre 1910. Son souhait concernant son inhumation restera humble à l’image de sa vie : « Je souhaite être porté en terre comme un chien le serait, sans une seule de vos cérémonies que je ne reconnais pas. Je compte sûrement sur votre bonté pour veiller sur mon dernier désir terrestre. Je compte sur votre amitié pour qu’il en soit ainsi. Je suis un jeune disciple du Christ comme au premier siècle, c’est-à-dire rien. »
Henry Dunant resta fidèle à ses idéaux tout au long de sa vie, n’hésitant pas à négliger totalement sa santé et ses affaires au profit de ses idéaux. Son altruisme et ses idées ont permis la création d’une des plus grandes fondations humanitaires internationales.
Un téléfilm a été réalisé en 2006 sur sa vie : « Henry Dunant : Du rouge sur la croix »
Son livre « Un souvenir de Solferino » est toujours trouvable de nos jours.